Dans son Avant-Propos à La Comédie humaine, Balzac affirme le caractère signifiant des cadres de vie de l’être humain : "L'animal a peu de mobilier, il n'a ni arts ni sciences ; tandis que l'homme, par une loi qui est à rechercher, tend à représenter ses mœurs, sa pensée et sa vie dans tout ce qu'il approprie à ses besoins". Balzac confère ainsi au quartier de la cathédrale Saint-Gatien à Tours un aspect sombre qui révèle le caractère des personnages qu’il y fait évoluer dans le roman Le Curé de Tours. Il imagine alors la maison de l'abbé Birotteau dans l'ombre de la cathédrale : "Située au nord de Saint-Gatien, cette maison se trouve continuellement dans les ombres projetées par cette grande cathédrale sur laquelle le temps a jeté son manteau noir, imprimé ses rides, semé son froid humide, ses mousses et ses hautes herbes. Aussi cette habitation est-elle toujours enveloppée dans un profond silence […]. Cet endroit est un désert de pierres, une solitude pleine de physionomie, et qui ne peut être habité que par des êtres arrivés à une nullité complète ou doués d’une force d’âme prodigieuse" (Le Curé de Tours, 1832).
Les Tourangeaux ont, de longue date, identifié une maison située rue de la Psalette à Tours comme étant la source d'inspiration d'Honoré de Balzac. C'est cette maison que Georges-François Souillet représente dans sa peinture. Mais force est de constater que la spontanéité impressionniste de son exécution au début du XXe siècle est en profond décalage avec l’image morne qu’Honoré de Balzac donne de cette demeure dans son roman. Cette représentation s'inscrit dans l'élan mémoriel et bientôt touristique de la ville de Tours autour du romancier.
Georges-François SOUILLET
Né à Tours, Georges-François Souillet (1862-1957) fut l'élève de Félix Laurent à l’École des Beaux-Arts de Tours et celui d’Alexandre Cabanel à Paris. Il figura au Salon des Artistes Français de Paris à partir de 1899. Avant tout paysagiste, il peignit des vues d’Île-de-France, de Normandie, de Bretagne, d’Afrique du Nord et surtout de Touraine. Gérald Schurr écrivait à son sujet : « Sa facture est justement équilibrée entre la spontanéité impressionniste et le classicisme propre aux peintres de la Touraine » (Les Petits maîtres de la peinture 1820-1920, valeur de demain, Les éditions de l’amateur, t. V, Paris, 1981).
