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Article mis en ligne le 20 décembre 2023

Nouveaux dépôts / Deux peintures de Gaëtan Cathelineau

 

Le musée des Beaux-Arts de Tours vient de déposer deux œuvres de Gaëtan Cathelineau au musée Balzac : Un garçon et une jeune fille et Vieux paysan. Ces peintures sont exposées dans la salle du musée consacrée à la Touraine dans l'œuvre de Balzac.

 

 

Gaëtan CATHELINEAU
Un garçon et une jeune fille
Huile sur toile, 1845
Saché, musée Balzac
Dépôt du musée des Beaux-Arts de Tours (inv. 858-2-7).

 

Gaëtan CATHELINEAU
Vieux paysan
Huile sur toile, 1848
Saché, musée Balzac
Dépôt du musée des Beaux-Arts de Tours (inv. 858-2-6).

À la manière de Gaëtan Cathelineau, certains artistes peintres témoignent de l’émergence du régionalisme en s’intéressant aux types provinciaux. Il s’agit alors de souligner leur pureté et leur naïveté, par opposition au monde parisien.

 

Avec Un garçon et une jeune fille et le portrait d'un Vieux paysan, Gaëtan Cathelineau s'inscrit dans la scène de genre réaliste et sentimentale. Un soin particulier est apporté à la description des costumes (coiffe tourangelle, chapeau, blouse de travail) et à la physionomie des personnages qui expriment une réelle candeur (visage des jeunes gens fermement modelés dans des tons chauds, mise en exergue du caractère buriné de la figure du vieil homme).

 

Ce même élan régionaliste traverse la littérature, mais chez Balzac, le type du paysan échappe à cette apologie. L’intrigue de son roman Les Paysans s’inspire en effet de l’assassinat du pamphlétaire Paul-Louis Courier (1772-1825) près de sa propriété de Véretz en Touraine, victime de la rancune sociale de ses domestiques et ouvriers agricoles. Balzac y peint une société hostile, tel ce portrait d’un vieux paysan :

 

À la manière dont les joues rentraient en continuant la bouche, on devinait que le vieillard édenté s’adressait plus souvent au Tonneau qu’à la Huche. Sa barbe blanche, clairsemée donnait quelque chose de menaçant à son profil par la raideur des poils coupés court. Ses yeux, trop petits pour son énorme visage, inclinés comme ceux du cochon, exprimaient à la fois la ruse et la paresse ; mais en ce moment ils jetaient comme une lueur, tant le regard jaillissait droit sur la rivière. Pour tout vêtement, ce pauvre homme portait une vieille blouse, autrefois bleue, et un pantalon de cette toile grossière qui sert à Paris à faire des emballages. Tout citadin aurait frémi de lui voir aux pieds des sabots cassés, sans même un peu de paille pour en adoucir les crevasses.

Honoré de Balzac, Les Paysans

 

 

GaËTAN CATHELINEAU (1787-1859)

 

Né à Montrichard, Gaëtan Cathelineau s'est formé à l'école de dessin de Tours dès 1804 puis dans l'atelier de David à Paris à partir de 1807. Il s'installe à Tours en 1828 où il exerce les fonctions de professeur de dessin et de peinture au collège royal de 1835 à 1858. Un an avant de mourir, il vend à la Ville de Tours sa collection de peintures anciennes et deux de ses œuvres (Ecce Homo et Vierge à l'Enfant Jésus), et en retour, il offre au musée neuf de ses peintures dont ces deux portraits aujourd'hui en dépôt au musée Balzac.