Histoire
Article mis en ligne le 4 avril 2022

Paul Métadier, fondateur du musée Balzac

 

Bernard-Paul Métadier, dit Paul Métadier, fondateur du musée Balzac à Saché, nous a quittés le 6 mai 2021 dans sa cent-troisième année. Un article ne peut suffire à relater la biographie de cette personnalité exceptionnelle si l’on souhaite rendre compte de l’ensemble de ses activités professionnelles et de ses engagements politiques et associatifs. Aussi, cette publication se limite délibérément au chapitre consacré à sa passion pour Honoré de Balzac, chapitre qui se confond avec l’histoire de la création du musée Balzac.

 

 

Paul Métadier plaçait l’auteur de La Comédie humaine parmi ses priorités absolues. Il se plaisait à dire que Balzac était son « violon d'Ingres ». En employant cette expression, il était parfaitement conscient de son addiction et il l’a d’ailleurs toujours envisagée comme une source inépuisable de délectation. Le sujet « Balzac » avait pour lui les effets bénéfiques des meilleurs antidépresseurs pour faire rebondir celui qui éprouvait pourtant d’intenses souffrances physiques à la fin de sa vie. La flamme balzacienne continuait néanmoins de brûler ardemment, et il restait convaincu qu’il pourrait écrire un nouvel ouvrage sur le romancier. Il souhaitait cette biographie iconoclaste, dans la continuité de son autobiographie Simple témoin [1]. Il tenait ainsi à réhabiliter Louise Breugnot, dite Mme de Brugnol, pour souligner le rôle qu’elle avait joué dans la vie du romancier. Mais revenons au commencement de cette histoire d’estime pour Honoré de Balzac. Paul Métadier, né en 1918, avait en réalité pour prénom Bernard-Paul à l’état civil. Il était le fils de Paul Métadier qui lui a transmis son intérêt pour le souvenir de Balzac en Touraine.

 

un père soucieux de préserver le souvenir de balzac

 

La famille Métadier est originaire de Gironde. Paul Métadier père est né en 1872 à Bordeaux. Il devient tourangeau en 1905. Il fait l’acquisition du château de Valesne [2], dans la vallée de l’Indre, pour en faire son lieu de résidence familiale, et il s’installe à Tours comme pharmacien et fondateur des laboratoires Métadier [3]. La pharmacie Métadier, nommée « Pharmacie principale », est située au n°53 de la rue Nationale, cette rue « bien pavée, bien bâtie, bien lavée, propre comme un miroir, populeuse, silencieuse à ses heures, coquette, bien coiffée de nuit par ses jolis toits bleus », comme la qualifie l’auteur des Contes drolatiques dans L’Apostrophe [4]. Le hasard fait que cet emplacement correspond à celui de la maison dont le père de Balzac, Bernard-François, fait l’acquisition en 1804 et où le jeune Honoré vit jusqu’en 1807 avant de devenir pensionnaire au collège de Vendôme [5].

 

 

Paul Métadier père (1872-1956)

 

Pharmacie principale, rue Nationale à Tours, carte postale, première moitié du XXe siècle.

 

Maison familiale où Honoré de Balzac a habité de 1804 à 1807 à Tours, d'après un dessin d'Horace Hennion, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

 

Quelques années plus tard, en 1926, Paul Métadier père acquiert le château de Saché pour compléter le domaine forestier du château de Valesne. À cette époque, le château est laissé à l’abandon et son nouveau propriétaire a l’intention de réhabiliter ce lieu où a séjourné Honoré de Balzac : le 11 mai 1932, il obtient l’inscription du château à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques puis, pendant l’Occupation, en décembre 1942, le classement parmi les sites et monuments naturels afin d’en assurer la protection face aux séjours sporadiques des troupes allemandes dans la demeure. Dès les années 1930, Paul Métadier père songe par ailleurs à y créer un lieu de résidence d’écrivains, ce qui est particulièrement novateur pour l’époque. Et parallèlement, il commence à constituer une collection d’œuvres en lien avec Balzac. En 1930, il achète une très belle édition en bronze du fondeur Alexis Rudier d’une étude de tête de Balzac par Auguste Rodin [6]. Et trois ans plus tard, il fait l’acquisition, dans une vente aux enchères, d’un plâtre original de d'une étude de Balzac par Auguste Rodin connu sous le nom d’Étude de nu C [7]. Peut-être sans le savoir, Paul Métadier père vient de créer le premier fonds du futur musée Balzac. Car c’est son fils, Bernard-Paul, qui le convaincra de la nécessité de créer un musée consacré à Honoré de Balzac au château de Saché.

 

 

Château de Saché, carte postale, début du XXe siècle.

 

 

Auguste RODIN, Alexis RUDIER (fondeur), Buste de Balzac, étude de nu C, bronze, avant 1930, collection V. Rédréau-Métadier, dépôt au musée Balzac, château de Saché, © photo C. Raimbault.

 

Auguste RODIN, Étude de nu C, plâtre, 1892, musée Balzac, Château de Saché, © photo Léonard de Serres.

 

naissance d'une passion pour balzac

 

Ce n’est qu’au sortir de l’adolescence, à son retour d’une année d’études en Italie, que Bernard-Paul Métadier saisit l’importance du souvenir de Balzac au Château de Saché. Dans la bibliothèque de la demeure familiale de Valesne, il commence par lire Le Lys dans la vallée qui lui dévoile toute la poésie de la vallée de l’Indre transposée en littérature. Puis il dévore La Comédie humaine à travers les volumes de l’édition Conard que possède son père.

 

Le 28 mars 1939, dans une lettre adressée au libraire parisien Georges Courville, spécialiste de l’œuvre de Balzac, le jeune homme de vingt ans écrit : « Propriétaire du Château de Saché, je me propose d'y créer un musée de Balzac. J'ai lu avec intérêt le catalogue balzacien que vous m'avez adressé, et en particulier l'offre de la dernière page concernant les statuettes de Ripert. Voudriez-vous m'informer exactement de celles dont vous disposez encore ? »[8]. Le conservateur en germe est né…

 

Néanmoins, à cette époque troublée où l’avenir est plus qu’incertain, il doit suivre la voie professionnelle tracée par son père et réaliser des études à Paris pour devenir docteur en pharmacie. Mais Balzac reste présent : l’étudiant assiste, le 1er juillet 1939, à l’inauguration du Balzac en bronze d’Auguste Rodin, à l’angle des boulevards Raspail et Montparnasse à Paris.

 

ENTRée en balzacie

 

Après la guerre, il rencontre de grands Balzaciens qui l’encouragent dans son projet de créer un musée Balzac. Alors que se prépare la célébration du 150e anniversaire de la naissance d’Honoré de Balzac, Bernard-Paul Métadier fait la connaissance de balzaciens tourangeaux, notamment Horace Hennion et Albert Arrault, personnalités qui joueront un rôle considérable dans la création du musée. Ce sont vraisemblablement eux qui l’introduisent auprès de Marcel Bouteron qui le reçoit régulièrement chez lui, dans son appartement parisien où il peut admirer plusieurs œuvres dont l’esquisse du portrait de Balzac par Louis Boulanger [9] et le médaillon en bronze de Balzac par David d’Angers ayant appartenu au romancier [10].

 

 

Horace Hennion (1874-1952)

 

Albert Arrault (1873-1956), par Charles Picart-Le Doux, dessin, 1949, collection musée Balzac, Château de Saché, don de François Milliat.

 

Marcel Bouteron (1877-1962) dans son appartement parisien, avec en arrière-plan le portrait de Balzac par Louis Boulanger, photographie donnée en 1949 à Horace Hennion, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

 

À l’occasion du grand congrès balzacien organisé à Tours en 1949, lors de la commémoration de la naissance de Balzac, Paul Métadier accueille les congressistes au château de Saché : il les reçoit, comme il se doit, dans le grand salon en partie meublé, et il évoque l’idée de créer un musée. Parallèlement, il s’engage plus largement pour la défense de la mémoire d’Honoré de Balzac en Touraine avec le lancement d’une souscription pour remplacer le Balzac de Paul Fournier, monument en bronze disparu pendant la Seconde guerre mondiale. Le projet est confié au sculpteur Marcel Gaumont qui imagine deux maquettes. Mais faute de financements suffisants, l’idée d’un monument balzacien à Tours est abandonnée après 1952 [11].

 

 

Accueil des congressistes par Paul Métadier dans le grand salon du château de Saché à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de Balzac, photographie, 1949, fonds documentaire du musée Balzac, château de Saché.

 

Marc Vaux, Maquette de monument à Balzac par Marcel Gaumont, photographie, 1949, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché, DR.

 

Paul B. Métadier, Saché dans la vie et l’œuvre de Balzac, préface d'André Billy, éd. Calmann-Lévy, 1950.

 

 

Entre-temps, Paul Métadier fonde, en novembre 1950, l’Association des Amis de Balzac dont le siège est situé au Château de Saché et dont il est le premier président. La vocation en est définie dans l’article 2 des statuts : 1° Faire mieux connaître l’œuvre et la vie de Balzac à Saché. 2° Développer le tourisme dans la vallée de l’Indre. 3° Organiser des conférences et des expositions temporaires ou permanentes et toutes manifestations artistiques, littéraires ou culturelles, susceptibles d’étendre la renommée du grand écrivain tourangeau en France et dans le monde ». Cette même année 1950, Bernard-Paul Métadier publie son premier ouvrage consacré à Honoré de Balzac, Saché dans la vie et l’œuvre de Balzac [12]. Il en confie la préface à l’écrivain André Billy (1882-1971), auteur d’une Vie de Balzac [13], qui aura ces mots précieux pour encourager le balzacien en formation dans son entreprise de réhabilitation de Saché dans la vie de Balzac : « Plus je relis l’étude pour laquelle le Dr Paul Métadier m’a fait l’honneur de me demander une préface, plus j’en admire le sérieux, la minutie, le tour aisé, le caractère révélateur. Toute la vie de Balzac s’y déroule époque par époque, et l’on ne songe pas du tout à s’étonner que Saché y tienne la place centrale, d’abord parce que Saché en est le sujet, et puis parce qu’effectivement Saché a été dans la vie de Balzac un pôle d’attraction des plus importants, sinon le plus important. Je ne m’en étais jamais si bien avisé. »

 

création du musée balzac

 

L’inauguration du musée Balzac a lieu un an plus tard, le 29 avril 1951. Le premier livre d’or du musée témoigne, par ses signatures, de la présence de personnalités prestigieuses : notamment Georges Duhamel, de l'Académie Française, et Paul Vialar, Vice-Président de la Société des Gens de Lettres. Au moment de sa création, le musée ne compte que quelques salles dont les pièces de réception et la chambre de Balzac.

 

Signatures sur la page du livre d'or du musée Balzac le jour de l'inauguration du musée, 29 avril 1951, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

Salon du Château de Saché, photographie, 1951, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

Chambre de Balzac au Château de Saché, photographie, 1951, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

 

Les premières collections sont constituées d’objets et de meubles appartenant à la famille Métadier, dans l’objectif de restituer l’atmosphère que Balzac a connue pendant ses séjours au château de Saché. Horace Hennion (1874-1952), ancien conservateur du musée des Beaux-arts de Tours, initie par ailleurs le jeune Paul Métadier au métier de conservateur. Il organise en effet le dépôt d’une cinquantaine d’œuvres appartenant aux collections du musée tourangeau, préalablement présentées à l’occasion d’expositions temporaires du musée des Beaux-arts [14], et il donne plusieurs œuvres à titre personnel : estampes anciennes, échantillons de papiers-peints anciens du château de Saché et de La Grenadière, objets, mobilier, ou portraits de Balzac comme une rare épreuve sur papier de la photographie que Nadar a réalisée du daguerréotype de Balzac [15]. Dans le même esprit que celui d’Horace Hennion, il est important d’évoquer une autre personnalité tourangelle qui a fait vivre le souvenir de Balzac en Touraine : Albert Arrault (1873-1956) [16]. Pendant et après la guerre, il a une activité d’auteur et d’éditeur dans laquelle Balzac occupe une place centrale. Ainsi, en 1943, Albert Arrault rédige et édite l’ouvrage La Touraine de Balzac [17] avec des illustrations de Charles Picart Le Doux (1881-1951) dont il donne vingt dessins originaux au musée Balzac naissant.

 

Ces deux personnalités, avec d’autres, ont su entourer avec prévenance le jeune Paul Métadier et l’ont encouragé à créer le musée Balzac. Ils lui ont également donné le goût de devenir collectionneur lui-même. Car Paul Métadier va personnellement contribuer, dès la naissance du musée Balzac, à l’enrichissement des collections en faisant l’acquisition d’estampes, d’éditions anciennes et de lettres manuscrites de Balzac et de ses contemporains. Et même après avoir donné le château et les collections au département d’Indre-et-Loire en 1958, il continue d’être mécène du musée en réalisant cinq nouvelles donations, la dernière datant de 2011.

 

assurer la pérennité et le développement du musée

 

En 1952, 5000 visiteurs sont dénombrés. Six ans plus tard, ce sont 7656 personnes qui sont reçues. Mais des travaux d’envergure doivent être réalisés pour garantir la sécurisation d’un bâtiment qui n’a pas été conçu pour recevoir autant de public. Pour assurer la pérennité du musée, Paul Métadier fait donc le choix, avec sa mère et sa sœur, de faire don au Département d’Indre-et-Loire du château de Saché et des premières collections rassemblées par ses soins. L’acte de donation précise que l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers présentement donnés devront constituer la fondation SACHÉ-BALZAC dite aussi fondation PAUL MÉTADIER destinée à perpétuer dans le Département le souvenir d’Honoré de Balzac, et particulièrement de ses séjours au château de Saché, et de l’œuvre littéraire qui y est attachée.

 

Comme le prévoit l’acte de donation, Paul Métadier est nommé conservateur du musée. Ce statut lui permet de veiller directement sur le fonctionnement de l’établissement même si la gestion est assurée par le Département. Concrètement, Paul Métadier assure ses fonctions de conservateur les week-ends, étant retenu par ses obligations professionnelles la semaine. Dans ce cadre, il supervise les grands travaux de restauration et de consolidation du monument financés par le Département d’Indre-et-Loire. Les Archives départementales conservent des échanges épistolaires entre Paul Métadier et les services administratifs qui montrent à quel point le conservateur joue pleinement son rôle, n’hésitant aucunement à se dresser contre des projets qu’il juge inopportuns et réussissant la plupart du temps à infléchir la situation, même si, parfois, cela peut prendre du temps. Ainsi, lors des grands travaux réalisés au tournant des années 1970, où les planchers du deuxième étage sont entièrement refaits, la chambre de Balzac est décorée de nouveaux papiers peints dans des tonalités jaunes. Paul Métadier s’insurge en vain contre ce choix réalisé en 1971 par Jean Feray, inspecteur général des Monuments historiques. Mais vingt ans plus tard, il obtient de l’administration départementale qu’un nouveau décor soit mis en place, s’appuyant sur les échantillons de papier peint qu’Horace Hennion avait donnés au musée Balzac, offrant à la chambre l’atmosphère qu’on lui connaît aujourd’hui.

 

 

Chambre de Balzac après la pose de nouveaux papiers-peints en 1971, photographie, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

 

Echantillons de papiers-peints de la chambre de Balzac contemporains des séjours de Balzac à Saché, collection musée Balzac, Château de Saché.

 

 

Chambre de Balzac après la pose de nouveaux papiers-peints par l'atelier Blanc-Subes en 1991, photographie, fonds documentaire du musée Balzac, Château de Saché.

 

Outre le suivi des travaux et des affaires courantes du musée, en bon conservateur, il organise à Saché des colloques, en collaboration avec le Groupe d’Études balzaciennes, des expositions, et de nombreuses manifestations en hommage à l’auteur de La Comédie humaine. Et surtout, il initie et coordonne les grands projets d’acquisitions pour le musée Balzac. Il faut, en premier lieu, mentionner l’importante collection balzacienne du libraire et bibliophile Christian Galantaris, acquise par le département en 1988, regroupant notamment de nombreuses estampes qui constituent aujourd’hui le cœur des collections graphiques du musée Balzac. Ensuite, il faut rappeler l’acquisition d'une bibliothèque balzacienne au collectionneur Jean-Jacques Samueli en 2002 : près de six cents volumes regroupant l’ensemble des éditions des œuvres de Balzac parues de son vivant, conservés en réserve jusqu’en 2019 et qui sont désormais présentés dans une majestueuse bibliothèque d’époque Restauration [18] au deuxième étage du musée. Et puis, plusieurs jeux d’épreuves corrigées du Lys dans la vallée, avec un premier volume acheté en 1981, complété par deux volumes en 2006 dont l’acquisition a été possible grâce au concours de plusieurs mécènes.

 

un regard bienveillant sur les projets récents

 

À cette période, Paul Métadier n’est officiellement plus conservateur du musée Balzac, s’étant retiré en 2001. Néanmoins, rares sont les projets qui se sont réalisés sans son assentiment depuis cette date, plusieurs d’entre eux ayant même relevé de son initiative. Pour retenir un exemple parmi les expositions, on peut citer Mon cher George sur l’histoire d’amitié entre Honoré de Balzac et George Sand réalisée en 2010. Paul Métadier croyait fermement à l’intérêt de ce sujet, d’un point de vue scientifique mais aussi touristique.

 

Un autre projet lui tenait à cœur : il s’agit du film Balzac à Saché réalisé par Florent Santarelli en 2017. Paul Métadier en avait imaginé le scénario de longue date, constitué de plans alternés entre Balzac à sa table de travail et une discussion entre le régisseur du domaine et la cuisinière du château, en vieux patois. Ce film est aujourd’hui un support de médiation très apprécié du public qui peut le découvrir in situ, dans la tour ronde du musée, mais aussi en ligne :

 

 

Paul Métadier a également suivi avec bienveillance les évolutions muséographiques du parcours de visite, et en particulier le projet d’envergure mené à partir de 2015 en partenariat avec le Mobilier national. L’un des objectifs était d’améliorer l’aménagement des pièces de réception du musée Balzac, d’une part pour renforcer la cohérence historique de l’ameublement avec la période des séjours de Balzac à Saché, et d’autre part pour introduire une dimension littéraire dans ces restitutions mobilières. Jean-Jacques Gautier, inspecteur au Mobilier national et balzacien, a été d’un très précieux concours. Paul Métadier, loin de s’opposer au projet, a vite compris l’intérêt pour le musée d’un tel renouvellement qui s’inscrivait dans la continuité de son ambition initiale : faire revivre l’atmosphère des séjours de Balzac au château de Saché.

 

Paul Métadier dans le parc du Château de Saché, photographie, 2015, © photo C. Raimbault.

Aujourd’hui, l’équipe du musée Balzac n’a plus son fondateur à ses côtés. Mais elle reste déterminée à faire connaître le souvenir de Balzac en Touraine, ses séjours au château de Saché et l’œuvre littéraire qui y est attachée. L’histoire de la création du musée et l’investissement de Paul Métadier dans cette entreprise occupent également une place centrale parmi les sujets transmis aux visiteurs. Dans cette perspective, l’église de Saché fait désormais partie du parcours de visite des lieux balzaciens de la vallée de l’Indre. Paul Métadier a en effet fait le choix d’être inhumé à quelques centaines de mètres du musée, dans la chapelle de l’église qui appartenait historiquement aux propriétaires du château. Ainsi, tout un chacun peut, à son gré, admirer l’architecture romane de cette église, se remémorer les scènes d’œillades entre Félix de Vandenesse et Henriette de Mortsauf dans Le Lys dans la vallée, se souvenir de la Dilecta, premier amour de Balzac, en écho à la plaque apposée en hommage à Marguerite de Rousselé au XVIIe siècle, et, également, se recueillir sur la tombe de Paul Métadier, fondateur du musée Balzac.

 

Isabelle Lamy
Responsable du musée Balzac

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Éd. La Simarre, 2019.

[2] Château d’inspiration du château de Frapesle dans le roman Le Lys dans la vallée.

[3] À ce sujet, voir l'article de Claude Viel, « Les Laboratoires Métadier et la naissance de l'industrie pharmaceutique en Touraine », Bulletin de la Société archéologique de Touraine, 2012 (vol. 58, p. 269-282). Claude Viel précise notamment que les quatre grandes spécialités des laboratoires Métadier étaient la Kalmine, la Métaspirine, le Méta-Vaccin et le Méta-Titane.

[4] OD, t. I, p. 148.

[5] À ne pas confondre avec la maison natale de Balzac qui était située au n°47 rue nationale.

[6] Dépôt de Véronique Rédréau-Métadier au musée Balzac (BZ D2001.12.1).

[7] Achat à la vente Danthon, Hôtel Drouot, le 24 mai 1933. Œuvre appartenant aux collections du musée Balzac dès 1951 (BZ 1999.5.14).

[8] Reproduction numérique de cette lettre aimablement communiquée par Loïc Menanteau qui l’a acquise dans la vente aux enchères "Les objets du hasard", Salorges enchères, Nantes, 23 janvier 2021, avec un ensemble de lettres adressées à Georges Courville dont trois lettres de Paul Métadier et trente-cinq lettres du sculpteur Pierre Ripert.

[9] L’année qui suivit la mort de Marcel Bouteron en 1962, ce portrait fut acquis par l’État dans une vente aux enchères pour être conservé au musée des Beaux-arts de Tours où il est toujours aujourd’hui.

[10] Portrait acquis pour le musée Balzac à Saché lors de la vente Marcel Bouteron de 1963 (BZ 1999.5.17) avec une lettre manuscrite de Balzac à Victor Ratier, datée de 1833 (BZ 1999.4.58) et plusieurs éditions anciennes des œuvres de Balzac.

[11] Notons que Paul Métadier regrettera tout au long de sa vie cet échec et, jusqu’à ces trois dernières années, il emploiera une grande partie de son énergie pour faire ériger un grand monument en hommage à Balzac à Tours. Certes la Ville de Tours réalisera en partie son souhait en 2019 commandant à Nicolas Milhé une œuvre contemporaine en hommage à Balzac. Mais les cinq personnages de La Comédie humaine qui ont pris place dans le jardin de la Préfecture à Tours ne sont pas le monument-hommage dont Paul Métadier rêvait. Le projet de Marcel Gaumont restera pour lui la référence éternelle de ce qu’il aurait fallu faire.

[12] Biographie éditée par Calmann-Lévy, illustrée de bois gravés de Ferdinand Dubreuil. Il s’agit du premier des huit ouvrages que Paul Métadier a consacré à Honoré de Balzac, le dernier datant de 2007 : Balzac, Saché son refuge (éd. Christian Pirot).

[13] Paris, éd. Flammarion, 1944.

[14] Ainsi, l’exposition Centenaire du romantisme en Touraine organisée en 1929 permet de présenter différents portraits de Balzac qui seront ensuite déposés au musée Balzac naissant : des médaillons en plâtre de David d’Angers (BZ.D1999.5.28.3 et BZ.1999.5.28.2), un buste en plâtre d’après David d’Angers (BZ.1999.5.21), un buste en marbre d’Anatole Marquet de Vasselot (BZ D1999.5.16), un buste en plâtre de Paul Fournier (BZ D1999.5.15). Quelques années plus tard, en 1935, l’exposition Les Hôtes de la Grenadière est l’occasion pour le musée des Beaux-arts de Tours de se doter d’une collection de statuettes des personnages de La Comédie humaine modelées par le sculpteur Pierre Ripert (sur l’historique de cette collection, se reporter au catalogue de l’exposition temporaire Un monde balzacien. Sculptures de Pierre Ripert, Musée Balzac, Saché, cat. exp. 18 mai-22 septembre 2019, éd. Conseil départemental d’Indre-et-Loire, 2019). Et puis, en 1943, l’exposition intitulée Exposition balzacienne. Balzac en Touraine préfigure les collections d’un musée régionaliste qu’Horace Hennion aura pour mission d’ouvrir au Château du Plessis-Les-Tours, avant que ne se dévoile l’opportunité de créer un musée Balzac à Saché. Dans cette exposition, sera présenté le haut-relief en plâtre original de François Sicard (œuvre aujourd’hui conservée au musée des Beaux-arts de Tours), modèle du bronze conservé au musée Balzac (dépôt du musée des Beaux-arts de Tours, BZ D1999.5.19.2) et qui fut apposé en mai 1899 sur la maison natale de Balzac, rue nationale, pour le centenaire de sa naissance.

[15] Épreuve d’après le premier daguerréotype réalisé par Louis-Auguste Bisson le 2 mai 1842, 1889 (BZ 1999.2.205).

[16] Albert Arrault fut notamment directeur de la Dépêche du Centre. Son intérêt pour Balzac se manifeste dès 1925 au moment où il écrit une adaptation du roman Eugénie Grandet pour le théâtre, pièce donnée en représentation au Théâtre de l’Odéon à Paris en 1937.

[17] Ouvrage préfacé par Horace Hennion. Albert Arrault est également l’auteur et l’éditeur de Madame de Berny, éducatrice de Balzac (1945), Madame de Berny, le premier amour de Balzac (1948), Madame Hanska, le dernier amour de Balzac (1949). Il a par ailleurs réédité plusieurs romans de Balzac en lien avec la Touraine : Le Lys dans la vallée (1947), La Grenadière (1946), L'Illustre Gaudissart (1946), Le Rendez-vous (1946), Le Curé de Tours (1946), Maître Cornélius (1947), Eugénie Grandet (1947), Histoire de Jane la pâle (1947).

[18] Dépôt du Mobilier national.